Accident du Grand Brion
Le long tunnel (1175 m) en courbe en "S" du Grand Brion, au dessus de Vif, permet de franchir un important dénivelé mais il était le cauchemar des conducteurs de locomotives à vapeur (242AT du PLM, 141E et 141F du PLM puis de la SNCF, 141R de la SNCF) qui devaient porter un masque pour palier au manque d'oxygè
Site du tamponnement Gare de VIF
Il est douze heures trente, le 17 juin 1955, lorsque je prends mon service en tant qu’intérimaire à la gare de VIF. Le temps est beau et ce début d’après-midi ne semble pas différent des autres jours. Pourtant, à 13H 20, le téléphone sonne …
C’est la gare de Saint Martin de la Cluze. Le chef, d’une voix inquiète me demande si le train de marchandises de 13H est parti.
Je lui réponds par l’affirmative.
J’entends alors :
« Merde, la draisine vient de descendre !! En arrivant de la gare, je viens de la voir passer, pourtant il me semble que le sémaphore est fermé. Je vais voir ce que je peux faire, de ton côté, lance le plan de sécurité. »
Entre temps le chef de gare de VIF entre dans le bureau et écoute la discussion pétrifié.
Je raccroche le téléphone, le chef, dépassé par la situation, commence à jeter sa casquette à terre et à hurler : « On va tous aller en tôle ! »
J’essaie de calmer la situation. Un cheminot en repos qui habite la gare se propose d’essayer de rattraper le train de marchandises en moto par la route de SISTERON.
« Il faut lancer le plan de sécurité ! »
J’appelle la gare de GRENOBLE, l’Hôpital des Sablons et un médecin des alentours.
La situation est tendue, les minutes paraissent des heures.
Si le motard ne stoppe pas le train, le tamponnement est inévitable,
De plus, l’accès à la ligne par la route est quasi-impossible.
Une voiture vient de se garer dans la cour de la gare. Je sors du bureau.
Le médecin vient d’arriver.
Un homme d’un certain d’âge s’avance vers moi :
- Monsieur DUSSERRE ?
- Oui, c’est moi.
- Il faut que quelqu’un vienne avec moi pour porter ma trousse de soins.
Je me porte volontaire immédiatement, avec l’accord du chef de gare.
Nous voilà tous les deux partis dans sa JUVA 4 en direction de la route de SISTERON.
RENAULT JUVAQUATRE 1939 . Une des dernieres voitures fabriquees avant guerre ;! Moteur soupapes laterales ; boite 3 vitesses avant et marche arriere ; freins a cable sur les quatres roues .
Au carrefour de la route de SISTERON, nous croisons le motard sur le retour.
Il n’a rien vu malheureusement. Nous poursuivons notre route et à la sortie du village du CROZET, dans les arbres, j’aperçois un panache de fumée qui s’élève verticalement dans le ciel. J’en conclus que la locomotive est ici, immobilisée.
En rouge, le chemin d'accès au tunnel
En vert, le tunnel
Aussitôt, nous arrêtons la voiture au niveau du PM. Un semblant de chemin donne l’impression de pouvoir monter à travers la forêt. Nous nous faufilons tant bien que mal, et après environ 30 minutes de marche, nous accédons au talus de la voie, exactement à la sortie du tunnel.
C’est là que s’est arrêtée la course des deux machines.
Une vision de drame nous envahie.
La draisine est encastrée sur la locomotive à vapeur, au niveau de la cheminée. Les cantonniers, passagers de la draisine, ont pu sauter en marche, avant la collision. Ils s’affairent à dégager le mécano de la draisine et le chef d’équipe restés coincés à l’intérieur de la cabine. Le médecin peut dispenser les premiers soins rapidement. Visiblement le mécano est touché légèrement, quand au chef d’équipe, il est plus sérieusement blessé au visage. Il est transféré rapidement à Grenoble.
A 50 mètres de là, un téléphone de voie me permet de rendre compte de la situation à la gare de VIF, où l’inspecteur est arrivé entre-temps. Avec son accord, j’installe un cantonnement provisoire sécurisant les lieux.
A 17 heures, tous les blessés sont évacués. Restent en place, une équipe arrivée en renfort et les cantonniers de la draisine.
A 22 heures, les deux engins sont désaccouplés non sans mal.
A 23 heures, après une visite de sécurité, la 030TB avec ses 5 wagons peuvent refouler jusqu’à la gare de VIF à faible allure.
A 4 heures du matin, la locomotive réapparait cette fois-ci, seule, à la sortie du tunnel.
La draisine remise sur la voie est accouplée à la loco pouvant à son tour refouler en gare de VIF.
J’appris par la suite les raisons des cinq heures d’attente entre la descente et la remontée de la locomotive : pour garer la rame en gare, il faut cisailler la voie de croisement et en pleine nuit, la fatigue se faisant sentir, la rame déraille, causant ainsi un retard important.
Heureusement, l’inspecteur est rentré chez lui depuis longtemps !
Il est temps que tout rentre dans l’ordre, pour que l’X52100 de 6 heures puisse faire l’heure comme prévu.
- longueur hors tout : 23,2 m.,
- poids en ordre de marche : 41 tonnes,
- capacité : 65 voyageurs,
- vitesse limite : 110 km/h,
- deux moteurs diesel de 320 chevaux chacun, soit une puissance de 640 chevaux.
Le jour se lève quand l’autorail s’immobilise en gare de GRENOBLE.
Il est 7 heures du matin… le temps d’aller se coucher bien fatigué.
LOULOU DIT « LA PIPE »
En bleu, la voie SNCF
En noir, le tunnel
Lieu du tamponnement
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